Le 28 novembre 2019, j’ai créé et animé un atelier intitulé « Reconnaître le privilège » qui vise à sensibiliser les gens aux préjugés et à la discrimination. Pendant l’atelier, quelqu’un m’a demandé quelle était ma définition du privilège. C’était difficile de répondre dans l’instant à une question si importante. J’ai donc décidé d’écrire un article pour pouvoir répondre de manière exhaustive à cette question fondamentale.
Qu’est-ce que le privilège selon moi ?
Je parlerai surtout dans cet article du privilège d’être blanc, bien que le privilège soit une notion très vaste. Le privilège pour moi est la capacité d’avoir la possibilité de ne pas se poser certaines questions. Par exemple, il y a beaucoup de questions que je dois me poser en tant que femme noire que les femmes blanches ou les hommes blancs n’ont pas à se poser. Par exemple, quand on me refuse un emploi, je me pose les questions suivantes: Ai-je été rejeté pour cet emploi parce qu’ils recherchaient quelqu’un avec plus d’expérience ou parce qu’ils préféreraient ne pas embaucher une personne noire ? Est-ce que je n’ai pas moi-même des préjugés en pensant ça ? Mais c’est peut-être vrai. Mais même si c’était vrai, que puis-je y faire ? Je n’ai aucune preuve. Peut-être que j’imagine tout ça. Même si j’avais la preuve que j’ai été victime de discrimination, en quoi cela serait-il important ? Je ne voudrais pas travailler dans un environnement avec des gens aussi étroits d’esprit.
Cette liste de questions peut s’appliquer à une variété de sujets : recherche d’un appartement, demande de bourse d’études, candidature pour une formation…. La liste est longue. En une journée, tout ce temps que je passe à me poser ces questions est un temps non utilisé pour être insouciante ou pour penser à mon avenir, penser aux choses qui sont vraiment importantes pour moi.
Personne ne me force à penser à ces choses. Je me fais ça à moi-même. Et c’est encore pire puisque à la fin, je me reproche à moi-même d’être si anxieuse, même si ce n’est pas ma faute. C’est parce que même si j’aimerais aborder le monde comme n’importe quel être humain, on me renvoi à ma couleur de peau. Le monde qui m’entoure me rappelle que je suis considéré comme « différente ». Cela peut arriver avec de petites choses comme ne pas trouver un coiffeur près de chez moi qui sache comment traiter mes cheveux. Quand je dois prendre le train pendant 2 heures pour aller dans une grande ville juste pour avoir un rendez-vous chez le coiffeur, on me rappelle que je ne suis pas considéré comme « normal ». « Les gens normaux », les gens jugés dignes d’attention ont des cheveux que les coiffeurs ont appris à sublimer à l’école de coiffure. Les cheveux crépus et bouclés ne sont pas considérés comme dignes de faire partie de l’enseignement dans les écoles de coiffure allemandes ou françaises. C’est la somme de ces petites choses qui font qu’une personne est plus privilégiée que les autres.
Le privilège n’est pas seulement de ne pas faire l’objet de discrimination lors de la recherche d’un emploi ou d’un appartement. Il ne se restreint pas non plus à ne pas avoir à s’inquiéter de petites choses telles que trouver un coiffeur qui sait comment prendre soin de vos cheveux ou bien à ne pas avoir à se restreindre de ne pas parler trop fort parce que vous ne voulez pas que les gens généralisent et disent que tous les Noirs parlent trop forts. Ne pas avoir certains privilèges c’est penser et se remettre en question de façon constante. Est-ce que j’en demande trop ? Est-ce trop demander de ne pas avoir à s’inquiéter de savoir si cette personne m’aimera pour qui je suis et non parce qu’elle a visité l’Afrique et veut en savoir plus sur la culture africaine alors que je suis née et que j’ai grandi en France et donc que je connais peu de choses sur la culture africaine ?
Nous avons tous des privilèges. Par exemple, j’ai des privilèges parce que je peux poursuivre des études supérieures ou parce que je peux voyager. Le privilège n’est pas une chose dont il faut avoir honte. Cela ne devient négatif que lorsque vous refusez de le voir, lorsque vous refusez de voir que d’autres personnes sont moins privilégiées que vous et que, par conséquent, vous ne voulez pas leur apporter plus de soutien ou reconnaître combien elles ont travaillé dur pour être au même point que vous.
Pensez à tous les privilèges que vous avez et prenez soin de vous.
Ma position est que l’on ne doit simplement pas avoir des privilèges. La société qui donne des privilèges à certains citoyens et pas à d’autres tout comme la maison qui fait des privilèges à certains de ses enfants et par à d’autres commettent l’un et l’autre l’injustice. Donc, je crois que l’on devrait tous avoir honte de ses privilèges. Ils creusent toujours entre les autres et soi, un fossé. « Le privilège n’est pas une chose dont il faut avoir honte. » n’est donc pas recevable pour moi.
On doit quêter de vivre dans un monde sans privilèges et sans privilégié ainsi on n’aura pas à s’occuper d’apporter aux autres p »lus de soutien ou reconnaître combien [cet autre a] travaillé dur pour être au même point que vous ».
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Merci pour ton commentaire ! Bien évidemment je suis d’accord avec toi, l’idéal serait que personne n’ait de privilèges mais dans mon article, je parle au présent et non pas au futur. Ainsi pour moi les personnes qui ont actuellement des privilèges ne devraient pas en avoir honte mais plutôt s’en rendre compte et essayer de faire en sorte de réduire l’écart entre eux et ceux qui en ont moins. J’espère que cela est clair pour toi? 🙂
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